L'ESPACE SOLAIRES

Soleil : Attention les Yeux !

Face au soleil, si nous sommes nombreux à porter des lunettes, c'est avant tout pour le confort visuel qu'elles procurent. Et pourtant, tout comme la peau, les yeux aussi craignent le soleil, d'où la nécessité de bien les protéger. Pourquoi ? D'où vient le danger ? Que risque-t-on réellement ? Qui doit faire attention ?

Nous avons tous besoin de soleil

Cela est même indispensable à notre bien-être physique et mental. Cependant, nous savons tous désormais qu'il peut également avoir des effets néfastes. Or, si nous avons tous à peu près conscience des risques d'une exposition prolongée au soleil pour la peau - vieillissement cutané, mélanomes, etc. -, nous sommes généralement très mal informés de ceux qui existent pour les yeux. Les conséquences à long terme d'une trop forte exposition sont pourtant bien réelles : ophtalmies, cataractes et DMLA, une maladie de la rétine qui touche une personne âgée sur quatre et entraîne, à terme, la perte de la vision centrale.

Une question de lumière

Pour voir correctement, nous avons besoin de la lumière et de ses rayons dont les reflets nous informent sur notre environnement. Cependant, notre œil ne distingue pas toutes les ondes envoyées par le soleil mais seules celles comprises entre 380 et 780 nanomètres (nm), avec une variété quasi infinie de couleurs. Le danger pour nos yeux ne vient pas de ces ondes mais de celles situées au-dessus et en dessous de ces limites. En d'autres termes, le danger vient des rayons invisibles !

En dessous de 380 nm, on retrouve le groupe des rayons UV, classés en trois catégories : A, B et C. Les plus dangereux pour nos yeux sont les UVA car ils atteignent notre cristallin. Chez les enfants, dont le cristallin est transparent, ils peuvent même toucher la rétine. Le cristallin fait en effet office de barrière naturelle aux UV ; il absorbe les UVB. Enfin, les UVC sont dans leur grande majorité bloqués par l'ozone contenu dans l'atmosphère, mais une infime partie réussit tout de même à toucher la cornée. De l'autre côté du spectre visible, au-dessus de 780 nm, se trouvent les infrarouges ; mais avec eux, pas de surprise, car on ressent immédiatement une sensation de brûlure.

Enfin, nombreux sont ceux qui ont tendance à oublier la nocivité des rayons de la lumière bleue. On les retrouve tout au long de la journée dans la lumière du jour et encore plus lorsque le ciel est sans nuage. Pour les combattre, nous possédons tous un stock de mélanine, un pigment naturel que l'on retrouve dans notre peau, nos cheveux et nos yeux. Mais cette quantité de mélanine diminue avec le temps. La lumière bleue s'attaque principa­lement à la rétine, en accélérant son vieillissement et en brouillant la vision.

Quels dangers pour nos yeux ?

Le principal danger vient des UV, car, même s'ils attaquent violemment l'œil, on ne ressent rien - du moins, dans un premier temps. Notre œil, comme d'autres parties de notre corps, a la capacité de renouveler certaines cellules qui ont été fortement exposées à ces rayons. Mais ce stock de cellules n'est pas inépuisable et l'œil peut précocement devenir vulnérable. C'est donc bien des années plus tard que nous payons le prix d'une exposition soutenue au soleil, surtout lorsque nous n'avons pas été protégés durant notre enfance.

Les UV peuvent pénétrer progressivement les différentes barrières de notre œil (cristallin, rétine...) en causant des dégâts sérieux. En seulement une heure ou deux d'exposition importante au soleil, des ulcérations de la cornée peuvent apparaître et se transformer en kératite chronique (inflammation de la cornée). Les lésions causées par les UV sur le cristallin peuvent, elles, déclencher l'apparition de la cataracte (l'opacification du cristallin) avec cinq à dix ans d'avance.

Quand se protéger ?

Comme pour votre peau, le bon sens veut que vous protégiez vos yeux dès que vous êtes exposé au soleil. Si les UV sont présents dès le lever du soleil, il faut faire encore plus attention entre midi et deux heures de l'après-midi, lorsqu'il est au zénith. C'est à ce moment qu'ils sont les plus nombreux et offensifs.

Bien sûr, quand on parle de protection solaire, on pense tout de suite aux vacances d'été. Mais il ne faut pas baisser la garde l'hiver en montagne. Bien au contraire ! Plus vous êtes en altitude, plus la quantité d'UV est importante : on estime qu'il faut compter 10% d'UV supplémentaires tous les 1000 mètres. En plus, la neige réfléchit 85% de ces rayons. Nos yeux sont donc soumis à rude épreuve! En montagne, la lumière est telle que les effets des UV peuvent s'exprimer tout de suite : c'est ce que l'on appelle l'ophtalmie des neiges, une pathologie de la cornée.

Qui doit se protéger ?

Tout le monde. Et les enfants d'autant plus que leurs yeux sont beaucoup moins armés face aux attaques des UV. Si le renouvellement cellulaire permet à leur corps de réparer assez rapidement les dégâts causés par une exposition soutenue, ce mécanisme n'est pas inépuisable et c'est sur le long terme que les conséquences apparaissent. Les plus jeunes doivent être particulièrement protégés car avant l'âge de 10 à 12 ans environ, le cristallin est encore transparent. Il ne bloque donc pas les UV, qui peuvent alors toucher la rétine.

On estime qu'avant l'âge de 1 an, 90% des UVA et plus de 50% des UVB l'atteignent. A 13 ans, ces taux sont en baisse, à 60% pour les UVA et 25% pour les UVB. Autre facteur : 80% de l'exposition aux UV se fait avant l'âge de 20 ans, au moment où notre cristallin n'est pas complètement formé. Dès leur plus jeune âge, donnez donc à vos enfants l'habitude de porter des lunettes. D'autant qu'il existe des modèles réalisés spécialement pour eux et tenant compte de leur morphologie.

A l'âge adulte, si nos yeux peuvent en partie se défendre contre les UV, une protection adaptée permet de conserver au maximum notre capital vue et de retarder l'apparition de pathologies oculaires. Les personnes âgées sont également très sensibles, surtout celles qui ont déjà subi certaines opérations comme la cataracte.
Une protection solaire adaptée dépend avant tout de vos activités : travail ou sports en extérieur, séjours réguliers à la montagne, activités nautiques... N'hésitez pas à dresser un bilan complet de toutes vos périodes d'exposition au soleil. A partir de ces informations, votre ophtalmologiste et votre opticien détermineront la meilleure protection solaire, selon vos besoins et votre santé oculaire.